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PAYSAGES EN MOUVEMENT

La trame paysagère qui défile dans le cadre de la fenêtre d’un train est un spectacle permanent sans cesse renouvelé dont je ne me lasserai jamais

 

En 1842 l’écrivain Paul KOCK déclarait : « le chemin de fer est la véritable lanterne magique de la nature ». Il perçoit à cette époque le train non seulement comme un moyen de locomotion, mais le décrit aussi comme un instrument de vision du paysage. Il est « machine à voir et à se mouvoir ».

 

Le train, et surtout le TGV duplex avec son étage surélevé est une super machine à voir le monde en mouvement.

Assis confortablement dans le TGV on perd petit à petit conscience de notre propre déplacement pour nous plonger dans la contemplation du paysage en mouvement

C’est un paysage mobile que nous captons au passage, que nous mémorisons selon notre Ã©motivité, notre Ã©tat d’éveil, notre capacité à absorber le flux ininterrompu d’images qui se télescopent dans le cadre de la fenêtre et s’enfuient du champ visuel aussi vite qu’elles sont apparues.

C’est un paysage que nous inventons en le reconstituant Ã  postériori à défaut d’avoir une mémoire aussi fidèle qu’une plaque photographique

 

J’ai essayé de fixer la vision cinétique instantanée et fugitive de ces paysages en mouvement.

Je crois que j’ai aussi essayé de matérialiser d’une certaine façon l’éphémère passage du présent vers le passé, cet instant insaisissable où ce qui est devient ce qui était……parce que la vie aussi est un voyage.

Basse vitesse à grande vitesse
Paradoxal peut être, mais pour saisir l'impression de mouvement j'ai réalisé certaines prises de vues de  cette série de photos à vitesse lente, parfois au 50 e de seconde voir même au 40 e à bord du TGV roulant à 300 km/h. Avec les mouvements incessants du train, à une si basse vitesse d'obturation, le bougé est inévitable mais s'harmonise cependant avec l'effet recherché

Commentaire  expo photos " Paysages en mouvement" du 19 mars 2011 


J P EYRAUD
Plasticien et vidéaste

 

La démarche de Gilles Chabot est pour le moins  singulière dans son actualité, il tente, à l’aide de photographies, de rapporter des paysages vus de la fenêtre d’un train roulant à une vitesse folle. Quel est donc ce point de vue ? Il est intéressant de le placer dans l’histoire de l’art en interrogeant le cadre précis du genre « Paysage Â». Avant d’être une notion naturelle, le paysage est surtout une notion culturelle (inventée par les peintres). Le regard de tout un chacun a évolué selon les époques avec la représentation que les artistes faisaient du paysage. Aujourd’hui la vitesse de nos déplacements influence tous les créateurs. Chacun nous en fait part et traduit de nouvelles visions cinétiques. Dans le langage visuel « paysage Â» a remplacé « pays Â», peut-être aujourd’hui faudrait-il remplacer le mot paysage par un autre concept, car quelques heures suffisent à l’œil pour avaler toutes les régions de France. Gilles Chabot a l’opportunité d’assister quotidiennement à ce bouleversement de l’image, il nous la rapporte au plus près de sa force.

 

J P E
 

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